Le site archéologique Cartier-Roberval
Le site archéologique Cartier-Roberval est situé au confluent de la rivière du Cap Rouge et du fleuve Saint-Laurent. Ce site témoigne de la première colonisation française en Amérique.
Ancré sur les récits humains autochtones et français, le site valorisé propose d’offrir une expérience s’articulant autour de la rencontre et le dialogue des cultures.
Lancé en 2018, ce projet a permis la création d’un parcours d’interprétation, la construction d’un bâtiment d’accueil et l’aménagement d’une passerelle d’observation qui offre un point de vue panoramique sur le site, le fleuve St-Laurent et l’embouchure de la rivière du Cap Rouge. Le parcours d’interprétation est appuyé par une expérience en réalité augmentée permettant de visualiser le site tel qu’il était à l’époque où les lieux étaient occupés par Jacques Cartier et Jean-François de La Rocque de Roberval, 70 ans avant la fondation de Québec.
Informations pratiques
Heures d’ouverture
Le site est ouvert tous les jours de 8 h à 20 h , de mai à octobre.
Stationnement
Le stationnement est gratuit en tout temps.
Autobus
Parcours 25
Consultez le site du Réseau de transport de la Capitale (RTC) pour plus de détails.
Toilettes publiques
Le bloc sanitaire est ouvert tous les jours de 8 h à 20 h, de mai à octobre.
Animaux acceptés
Les chiens tenus en laisse sont les bienvenus.
Expérience numérique : parcours augmenté Cartier-Roberval
Les amoureux d’histoire et de paysages spectaculaires seront comblés !
Vivez une expérience unique et immersive en réalité augmentée au sommet du cap Rouge, à l’endroit même où fut fondée la première colonie française d’Amérique.
Une application gratuite présentée par la Commission de la capitale nationale du Québec
Téléchargement de l’application
L’application est disponible sur Apple Store et Google Play Store.
Technologie compatible
- iPhone: iPhone 9 et plus récents, utilisant le système d’exploitation iOS 11 et plus récent.
- Android: une version du système d’exploitation Android Pie 9.0 et plus récent. En plus d’un modèle de téléphone datant de 2018 ou après.
Description du projet
Le site archéologique Cartier-Roberval, situé au confluent de la rivière du cap Rouge et du fleuve Saint-Laurent, témoigne de la première colonisation française en Amérique. Plus de 6 000 artefacts du 16e siècle et des vestiges d’au moins cinq aires de construction ont été mis au jour. Conformément au mandat qui lui a été confié par le gouvernement du Québec, la Commission a mis en place un dispositif permettant de limiter l’impact de l’érosion sur l’intégrité du site. Tous les efforts ont été déployés pour que l’intervention soit sans conséquence sur les vestiges localisés.
La mise en valeur du site comprend également l’aménagement d’un parcours d’interprétation ainsi que la construction d’une passerelle offrant une vue panoramique sur le site et sur le fleuve Saint-Laurent. Partie importante des dispositifs d’interprétation déployés sur le site, l’application mobile de réalité augmentée du site archéologique Cartier-Roberval permet de découvrir l’histoire de ce lieu historique, qui tire son origine d’un rêve, celui de trouver de l’or. Sous forme de parcours augmenté, le visiteur est invité à partir à la recherche de contenu immersif et découvrir le secret de cette quête historique.
Politique de confidentialité
Pour obtenir de l’aide, écrivez-nous : commission@capitale.gouv.qc.ca
La découverte du site archéologique Cartier-Roberval
En 2005, des vestiges de la colonie installée par Jacques Cartier et Jean-François de La Rocque de Roberval à partir de 1541 sont mis au jour. Devant l’importance de la découverte, le gouvernement, par l’entremise de la Commission, lance un vaste programme de fouilles archéologiques afin de protéger ce lieu historique unique et de permettre aux générations actuelles et futures d’en bénéficier pleinement.
Les fouilles archéologiques qui ont été effectuées entre 2007 et 2010 sur le site Cartier-Roberval, sous la responsabilité de la Commission, ont permis de retrouver quelque 6000 artéfacts et des vestiges datant de 1541 à 1543. Elles ont donné lieu à l’exposition La colonie retrouvée, à l’affiche du Musée de l’Amérique francophone de 2013 à 2019.
La Commission a fait appel au ministère de la Culture et des Communications pour participer à la recherche sur le terrain et assurer la diffusion des résultats des travaux. Ces deux partenaires gouvernementaux ont été assistés de plusieurs autres, dont les universités, pour les volets scientifiques du projet. La Commission s’est dotée d’une équipe d’archéologues chevronnés pour réaliser le programme de fouilles.

VUE DE LA PARTIE SUD DU SITE À L’ÉTÉ 2010
Le travail de l’archéologue ne se limite pas à effectuer des fouilles sur un terrain. Il s’agit d’une recherche scientifique qui doit ultimement le conduire à interpréter l’histoire d’un lieu.
Comme toute démarche scientifique, l’archéologie comprend toujours un problème à élucider (problématique de recherche), une avenue à explorer (stratégie de travail) et une méthode à privilégier pour atteindre les objectifs de recherche visés. La recherche archéologique n’est pas simple. Comme il est même plutôt complexe de donner un sens à ce qui est trouvé, la méthode archéologique comprend deux volets indissociables : le travail sur le terrain et les analyses en laboratoire.
© CCNQ, Annie-Claude Murray
SONDAGES MANUELS
Dans tous les cas, l’excavation rapide s’arrête une fois que les niveaux prometteurs sont atteints et est remplacée par des sondages manuels. D’autres sondages, plus extensifs, ont permis une identification précise des éléments en place. Au besoin, ils ont été suivis d’une fouille minutieuse.
© CCNQ


DÉCOUVERTE D’UN TESSON DE VASE IROQUOIEN
Dès le début des recherches archéologiques sur le site du fort d’en haut de Cartier et de Roberval, des éléments matériels de la culture des Iroquoiens du Saint-Laurent sont apparus. D’abord, des fragments de vases en céramique décorés de motifs géométriques typiques puis des éléments en pierre taillée furent découverts en association directe avec le niveau d’occupation du 16e siècle.
Outre les artefacts, les récits historiques livrés par Cartier et Roberval eux-mêmes indiquent une fréquentation iroquoienne du lieu.
© CCNQ
FOUILLES ARCHÉOLOGIQUEs SUR LE SITE CARTIER-ROBERVAL
La découverte du site Cartier-Roberval en 2005 n’était que la pointe d’un iceberg. Il n’y avait alors aucun moyen de savoir ce qu’il y avait dans le sol et de déterminer l’étendue du site sans procéder à des interventions archéologiques. Même si plusieurs techniques scientifiques, comme la résistivité électrique et le géoradar, sont souvent employées pour donner aux archéologues des indications plus précises, elles ont leur limite lorsqu’il s’agit de détecter la présence humaine.
L’établissement français du 16e siècle sur le promontoire de Cap-Rouge n’a pas laissé de traces monumentales, ce qui a amené les archéologues à utiliser aussi les bonnes vieilles méthodes traditionnelles : les fouilles, les sondages exploratoires et leur flair !
© CCNQ, Richard Fiset

Plus de 6 000 artefacts retrouvés
Plus de 6 000 artefacts du 16e siècle ont été mis au jour ainsi que les vestiges d’au moins cinq aires de construction. Des objets et des restes d’aliments de luxe laissent supposer qu’un secteur était réservé à l’élite. La présence de poterie iroquoienne et de restes de plantes attestent d’échanges entre Français et Autochtones.
D’autres objets révèlent par ailleurs qu’on cherchait activement des métaux précieux, mais le site recèle encore bien des mystères que des chercheurs de l’Université Laval tentent d’éclaircir.

FRAGMENT DE CONTENANT EN FAÏENCE ITALIENNE
Puis, un défi de taille était lancé aux archéologues. Ils devaient identifier un fragment de faïence italienne découvert au cours de l’inventaire fait par Yves Chrétien en 2005, un type de céramique qui était inconnu jusqu’à maintenant au Québec. Il a fallu consulter la documentation scientifique pour trouver des objets comparables et, heureusement, cette quête a porté ses fruits : l’identification du matériau et du style du décor a permis de situer la fabrication de ce bol à la première moitié du 16e siècle. De plus, l’apparition de ce contenant luxueux sur le site Cartier-Roberval indique la présence d’occupants aisés au sein de l’établissement.
© CCNQ
BAGUEs À CHATON EN FORME DE CŒUR
Certains objets retrouvés en quelques exemplaires peuvent être considérés comme étant des biens probables de traite. C’est le cas notamment des petites clés et bagues en laiton. Même constat en ce qui a trait aux hameçons, dont le nombre demeure relativement important dans la collection matérielle récoltée lors des campagnes de fouilles de 2005 à 2008. En ce qui concerne les perles de jais et de verre, elles servent davantage à parer l’habit des occupants du fort qu’à être des objets de troc.
D’après les découvertes qui ont été faites sur le terrain, l’archéologie semble bien corroborer les récits des colonisateurs à propos d’échanges intervenus entre les gens de l’Ancien et du Nouveau Monde.
© CCNQ


NOYAU D’OLIVE
Parmi les restes végétaux, on compte le raisin cultivé et l’olive. Les graines ont été davantage associées à une fonction alimentaire qu’à une vocation agricole, puisqu’à l’époque on procédait à la reproduction des pousses par clonage. Leur présence sur le site n’en est pas moins intéressante, car elle présuppose de vastes réseaux d’approvisionnement des bateaux, étant donné que ces aliments sont surtout associés à la région méditerranéenne. Les raisins et les olives étaient des aliments particulièrement prisés pour le transport sur de longues distances, puisqu’ils demeurent longtemps propres à la consommation après avoir été séchés. D’ailleurs, ils sont fréquemment mentionnés dans les comptes d’approvisionnement des bateaux espagnols au 16e siècle. Cependant, en contexte français, leur acquisition nécessitait probablement plus de moyens financiers qu’en possédait le commun des mortels. Leur consommation pourrait donc être associée à la présence d’officiers et d’individus au statut social plus élevé sur le site. Cette idée se trouve renforcée par la découverte d’artefacts associés à la noblesse dans le même secteur du site.
© CCNQ
REBORD DE VASE IROQUOIEN
Le troc est une forme de transaction commerciale qui se traduit par l’échange direct d’un bien contre un autre. Dès les premiers temps de la colonie, Français et Amérindiens se sont adonnés au troc. Le but? Échanger des marchandises, subvenir aux besoins, sceller des alliances. La couche d’occupation du 16e siècle sur le site Cartier-Roberval a livré du matériel et des restes végétaux, indices probables du troc entre Européens et Amérindiens.
Tous les tessons observés appartiennent au Sylvicole supérieur (période de la préhistoire amérindienne qui débute vers l’an mil de notre ère et précède l’arrivée des Européens) avec, dans certains cas, des traits stylistiques tardifs tout à fait compatibles à ceux du 16e siècle.
Le plus gros fragment, en particulier, montre un agencement triangulaire de ponctuations sous une crestellation et une décoration du parement avec des motifs géométriques de lignes dentelées. La base du parement est décorée d’encoches à l’ongle, et l’épaule montre une bande de ponctuations au roseau surmontant un ajout plastique marqué de lignes verticales, puis une série de cinq lignes horizontales.
Cet agencement de traits distinctifs est caractéristique de la phase tardive des Iroquoiens du Saint-Laurent. Mais autour de cet exemple évident, d’autres fragments de vases moins typiques découverts au site de Cap-Rouge illustrent en partie la variabilité de la production céramique de cette époque.
© Centre de conservation du Québec, Michel Élie.

Consolidation de la falaise
Conformément au mandat qui lui a été confié par le gouvernement, la Commission a mis en place un dispositif permettant de limiter l’impact de l’érosion sur l’intégrité du site. Tous les efforts ont été déployés pour que l’intervention soit sans conséquence sur les vestiges localisés dans la zone visée par les travaux; la Commission s’est assurée de récupérer le maximum de l’information archéologique qui y était contenue.
Après avoir procédé à la stabilisation de la frange supérieure de la falaise, la Commission a édifié le mur mémoire Cartier-Roberval. Ce grand mur est un ouvrage d’ingénierie, mais surtout une œuvre d’art commémorant la riche histoire du lieu.
La Colonie retrouvée, une exposition immersive
L’exposition La colonie retrouvée a été présentée au Musée de l’Amérique francophone de 2013 à 2019.
Voici ce qu’en disait le communiqué de presse émis lors de son ouverture :
Jusqu’ici méconnue, l’épopée de ces premiers Français d’Amérique se livre enfin. La passionnante découverte d’une page inédite de notre histoire qui a fait vieillir le Québec de plus de 65 ans! Cette exposition originale et immersive met en valeur les artefacts et les recherches effectuées au site archéologique Cartier-Roberval. Au programme : récits sonores, créations vidéos uniques, première représentation du fort, scénographie multimédia et une centaine d’objets du 16e siècle.
L’Unité mixte de recherche Capitales et patrimoines
La Commission de la capitale nationale du Québec et l’Université Laval ont conclu une entente de collaboration pour la création de l’Unité mixte de recherche Capitales et patrimoines (UMRcp). Cette unité de recherche a pour mission d’établir, à l’échelle internationale, un pôle d’expertise d’avant-garde dans le domaine de l’étude et de la mise en valeur du patrimoine de capitales.
Le premier projet de l’UMR-cp est de réaliser un programme de recherche consacré au site archéologique Cartier-Roberval. Apprenez-en plus ici.
La mise en valeur d’un site unique
Le site archéologique Cartier-Roberval a vu s’implanter la première colonie française d’Amérique il y a près de 500 ans.
En décembre 2018, le gouvernement du Québec a confié à la Commission de la capitale nationale du Québec un budget de 8,4 M$ pour réaliser la conservation et la mise en valeur de ce site unique.

STRATIGRAPHIE – PAROI ENDUITE DE LATEX
Une stratigraphie est la succession des couches sédimentaires à un endroit donné, et son étude permet à l’archéologue d’établir la séquence des activités humaines et naturelles sur un site. Il y parvient en établissant un rapport entre les dépôts de sols naturels et ceux dus au passage de l’homme.
L’examen des couches du site Cartier-Roberval a permis de recueillir de précieux renseignements. Outre les éléments du contenu, artefactuel ou écofactuel, la connaissance des sols revêt une grande importance pour faire les comparaisons utiles d’un endroit à l’autre du site et, le cas échéant, pour comprendre le processus de formation des couches de sol dans le temps.
Nous avons appliqué le principe de la stratigraphie sur la paroi nord du site Cartier-Roberval, parce qu’elle est représentative de l’histoire du site. Pour ce faire, on prend « l’empreinte » de la terre et de ses nombreuses couches d’occupation en appliquant sur la paroi des couches de latex à moulage – idéalement une dizaine – pour consolider le sol. Pour renforcer le latex, on ajoute de la fibre de verre, ce qui forme une sorte de plâtre. Puis, les premières couches, diluées avec de l’eau, sont pulvérisées sur le sol friable pour le fixer en place.
Le produit est ensuite brossé directement sur la surface. Ce procédé doit être effectué avec patience et minutie, puisqu’on doit attendre que chaque couche soit totalement sèche avant d’en appliquer une autre. D’abord blanchâtre, le latex devient transparent lorsque sec, mais acquiert une coloration beige au moment où les couches s’ajoutent les unes aux autres.
© CCNQ, Véronique Demers
BLANDINE DAUX DU CENTRE DE CONSERVATION DU QUÉBEC EN PLEIN TRAVAIL DE RESTAURATION
La conservation s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large que la restauration proprement dite. Elle vise d’abord la préservation des biens culturels dans tous les aspects de leur vie, depuis leur découverte et leur prélèvement jusqu’à leur mise en valeur. La conservation et la restauration ne sont pas deux actions séparées ou en opposition, mais les deux volets d’un même processus dont il est parfois malaisé de dire où commence l’un et où finit l’autre. Par exemple, le remontage d’un vase peut être nécessaire afin d’en assurer la conservation; la réalisation de supports et de formes spéciales de protection pour l’exposition et le transport sera aussi souvent du ressort du restaurateur.
Quoi qu’il en soit, les préoccupations du restaurateur sont de plus en plus orientées vers les questions reliées à la conservation préventive, c’est-à-dire destinée à empêcher la détérioration des objets. Le but ultime de cette approche est de contribuer à préserver une petite partie des archives matérielles de l’humanité, non pas par l’application mécanique de recettes, mais par un véritable changement d’attitudes, dans le respect de notre héritage culturel constamment menacé par la négligence ou l’ignorance.
Quant à la restauration, c’est le traitement requis sur les objets afin de leur redonner un aspect plus proche de celui qu’ils avaient avant leur détérioration. La restauration peut être doublée d’un traitement de conservation qui permettra de stabiliser l’état de l’objet.
© Centre de conservation du Québec


SÉLECTION DE TESSONS RECOLLÉS ET DESSINS CORRESPONDANTS
Le remontage, c’est l’assemblage des tessons de céramique et des fragments de verre dans le but de reconstituer un objet entier pour identifier sa forme et déterminer sa fonction. Cette étape a cours si la reconstitution s’avère impossible à faire lors de l’analyse préliminaire. Comme pour le traitement des artefacts, cette activité requiert quelques connaissances préalables, du doigté, un bon sens de l’observation et énormément de patience!
Avant de procéder à toute tentative de remontage, il y a lieu de s’informer auprès des spécialistes en conservation afin d’en savoir plus sur la méthode à adopter. Cela permet d’éviter l’irréparable après le remontage et, ainsi, l’altération de l’objet.
Par exemple, l’usage d’un ruban autocollant, de préférence un papier-cache adhésif, est recommandé pour un premier assemblage, puisqu’il laisse peu de traces sur les fragments assemblés. Ce remontage doit toutefois être temporaire (quelques heures seulement), car le papier-cache pourrait laisser des traces indélébiles sur la surface des objets. Évidemment, les pâtes poreuses sont plus à risque. Il s’agit donc un matériau à utiliser avec circonspection, en respectant certains paramètres.
© Marc Gadreau, MCC
CONSOLIDATION D’UNE PIÈCE DE BOIS
Les travaux les plus délicats ont été exécutés lors de la découverte de pièces de bois calcinées. Assez nombreux sur le site, ces éléments étaient parmi les plus fragiles et les plus difficiles à extraire. Dans ces cas, nous avons dû procéder très soigneusement en employant de plus petits outils.
La fouille s’est effectuée d’une façon très minutieuse, tout en veillant à la consolidation des pièces de bois au fur et à mesure. Le travail s’est alors fait par étapes :
• on nettoie les pièces de bois;
• on les consolide;
• on les laisse sécher;
• on poursuit le nettoyage et le décapage graduel de la couche.
L’objectif d’une telle attention consiste à tenter de comprendre la distribution des pièces dans une dépression couvrant une superficie d’environ un mètre sur deux mètres.
Si la fouille est difficile, la conservation des vestiges en bois ou en pierre représente un de nos plus grands défis. Les interventions les plus délicates ont été effectuées sous la supervision d’André Bergeron du Centre de conservation du Québec.
© CCNQ, Véronique Demers

Un projet, quatre volets
Ce projet comprend les 4 sous-projets suivants :
- Conservation des vestiges
Le programme de conservation des vestiges prévoit la remise en état des opérations archéologiques ainsi que l’enfouissement des vestiges protégés par des structures temporaires depuis 2008. Ce sous-projet a été réalisé en 2019 et 2020 et est désormais complété.
2. Mise en valeur du site
La mise en valeur du site où a été établie la première colonie française d’Amérique (1541-1543) comprend l’aménagement d’un parcours d’interprétation ainsi que la construction d’une passerelle offrant une vue panoramique sur le site, sur le fleuve Saint-Laurent et sur l’embouchure de la rivière du Cap Rouge. Le site est maintenant ouvert au public.
3. Programme de recherche scientifique
Un programme de recherche de 5 ans est intégré au projet de mise en valeur et de conservation du site archéologique Cartier-Roberval. Pour le réaliser, la Commission a créé l’Unité mixte de recherche Capitales et patrimoines (UMRcp) en partenariat avec l’Université Laval.
Pour en savoir davantage, visitez le site Web de l’UMRcp.
4. Exposition muséale
Le thème de la première colonie française d’Amérique sera intégré à une exposition d’envergure présentée au Musée de la civilisation. La vie dans la colonie, sa découverte ainsi que ses répercussions plus larges sur notre histoire y seront abordées. L’inauguration de l’exposition est prévue en 2023.
Budget du projet : 4,1 millions de dollars
Source de financement : Gouvernement du Québec
Maîtrise d’œuvre : Commission de la capitale nationale du Québec
Ouverture prévue du site au public : Juin 2022.
Description du projet
La mise en valeur du site archéologique Cartier-Roberval comprend l’aménagement d’un parcours d’interprétation, la construction d’un bâtiment d’accueil aux visiteurs, ainsi que la construction d’une passerelle d’observation et d’interprétation offrant une vue panoramique sur le site archéologique, sur le fleuve Saint-Laurent et sur l’embouchure de la rivière du Cap Rouge.
Parcours d’interprétation
Aménagement des stations d’interprétation au long du sentier d’accès
Interprétation des fouilles archéologiques :
- Panneaux d’interprétation ;
- Maquette illustrant l’occupation du site ;
- Réplique de trois artefacts retrouvés lors de la réalisation des fouilles entre 2005 et 2008.
Application numérique avec contenu en réalité virtuelle
Installation du mobilier
Plantation d’arbres, d’arbustes et d’autres végétaux
Bâtiment d’accueil
Composantes : terrasse, toilette publique, salle de mécanique et contrôle
Enveloppe : bois fini brulé
Passerelle d’observation
Dimensions : 2,5 m de large par 67,85 m de long
Belvédère : porte-à-faux de 12,5 m
Niveau fini : 42,36 m
Structure : acier galvanisé
Garde-corps : verre laminé trempé et panneaux d’aluminium fini anodisé doré
Platelage : Sapin Douglas
Éclairage de type DEL intégré à la structure
Équipe de projet
Architecture et muséologie : BISSON & ASSOCIÉS
Ingénierie : EMS
Architecture de paysage : Option Aménagement
Interprétation numérique: DPT
Archéologie:
Lot A : Groupe de recherches et d’études sur le Québec ancien, GRÉQA
Lots B et C : Groupe DDM
Arpentage : TECHNIARP
Laboratoire des sols: Englobe
Laboratoire de matériaux : LEQ
Construction :
Entrepreneur général: Construction Marc Bolduc inc.
Collaborateurs
Ministère de la Culture et des Communications
Centre de conservation du Québec (CCQ)
Musée de la civilisation
Nation huronne-wendat
Société historique du Cap-Rouge
Ville de Québec
Pour en savoir davantage
Rendez-vous sur Flickr pour consulter notre galerie de photos du site archéologique et du chantier de fouilles. Des vignettes explicatives détaillées permettent de comprendre les recherches et les trouvailles du site Cartier-Roberval. Les photos sont groupées en quatre grands thèmes: Histoire et contexte du site, Fouilles archéologiques, Conservation et préservation des objets et Artefacts.
Consultez également cet article sur le site archéologique Cartier-Roberval:
- « Des découvertes majeures, le chantier arhéologique Cartier-Roberval » (pdf, article tiré de la revue Cap-aux-Diamants, no 91, automne 2007)

Vue aérienne du secteur de cap-rouge
Plusieurs éléments expliquent pourquoi des gens choisissent de s’établir à un endroit plutôt qu’à un autre. Ces facteurs varient énormément en fonction des groupes culturels et de leurs modes de vie ainsi que, bien sûr, des époques. Les êtres humains peuvent choisir un lieu parce qu’il leur permettra de bien se défendre contre l’ennemi, de cultiver de bonnes terres à proximité, d’être à l’abri du vent (ou le contraire durant la saison des moustiques), d’avoir accès à de l’eau potable ou d’être près d’une voie de communication qui facilitera leur déplacement. Leur mode de vie, qu’il soit sédentaire ou nomade, guide donc leurs choix. Le choix du cap Rouge n’est donc pas le fruit du hasard. L’endroit offre la possibilité de faire mouiller ses navires à l’embouchure de la rivière, à l’abri des grands vents du fleuve, et la vue sur le promontoire constitue un atout incontestable pour se défendre.
© Pierre Lahoud
Illustration iroquoiennes
Cette découverte rappelle également le choc des cultures amérindienne et européenne. Les nouveaux arrivants ont alors dû composer avec les chefs et les bandes bien organisées des groupes amérindiens qui vivaient près du fleuve. Et les choses avaient bien changé au début du 17e siècle lorsque Samuel de Champlain est arrivé sur les lieux. Le projet Cartier-Roberval permet donc de revisiter une période fascinante, dynamique et mystérieuse sur laquelle nos livres d’histoire sont quasi muets.
© Vidéanthrop


RESTITUTION DE LA « GROSSE TOUR » DU FORT D’EN HAUT
Bien que l’établissement ait probablement été construit par Cartier, la description des lieux est plus complète dans le récit de Roberval. Cartier se limite à dire qu’il fait construire le fort d’en haut pour protéger le fort d’en bas. De son côté, Roberval insiste davantage sur le fort d’en haut, ce qui semble indiquer qu’il s’agit de la partie la plus importante de l’établissement colonial. Il cite notamment deux corps de logis, deux tours, dont une de quarante à cinquante pieds avec différentes pièces, des moulins, un poêle pour chauffer les gens, un puits et une fontaine. De plus, puisqu’il s’agit d’une tentative coloniale, il devrait y avoir aussi des espaces pour engranger les grains, un lieu pour les bestiaux, ainsi que divers espaces pour les fonctions agricoles, militaires (poudrière, armurerie, etc.) et industrielles (forge).
Quant au fort d’en bas, Cartier n’en parle pas beaucoup plus. Par contre, Roberval nous dit qu’il y avait une tour à deux étages, avec deux bons corps de logis où les victuailles étaient conservées ainsi que tout ce qui avait été apporté de France.
© Michel Bergeron, ethnologue et maquettiste
JEAN DE LA ROQUE, SEIGNEUR DE POIX-EN-ROTHELOIS, SIEUR DE ROBERVAL-EN-VALOIS
Le portrait de Jean-François de La Rocque provient de la remarquable collection de la reine Catherine de Médicis, importante mécène et grande collectionneuse d’art en son temps. Ce dessin est l’œuvre du peintre Jean Clouet, portraitiste officiel de François 1er, et est la preuve que Roberval fréquentait la noblesse de cour. Ce portrait au crayon se retrouve parmi l’inestimable collection des 310 crayons de cour de France conservés au musée Condé à Chantilly.
Le dessin est daté autour de 1535 et a été exécuté sur papier, au crayon noir et à la sanguine. Cette technique aux deux crayons, pierre noire et sanguine, a précisément été mise au point en France à la fin du 15e siècle afin de dessiner les modèles vivants de manière plus réaliste (effet de lumière, ombre, relief). Sur le portrait, La Rocque est disposé aux trois quarts, les yeux fixant l’horizon. Les traits du visage sont fins et la barbe est plutôt courte. Le seigneur de Poix est coiffé d’une toque qui s’incline légèrement vers l’oreille gauche. Les lignes de son costume sont à peine esquissées.
Le titre du portrait, Jean de la Roque, seigneur de Poix-en-Rothelois [sic], sieur de Roberval-en-Valois, trouve son explication dans les fiefs que l’homme possédait. Si on le nomme Roberval, c’est donc en référence à une terre de Picardie qui lui vient de sa grand-mère. Quant à la seigneurie de Poix, Étienne Moreau-Nélaton, dans une notice biographique écrite en 1908, révèle qu’elle a valu à La Rocque le surnom de « Lesleu de Poix ».
C’est qu’en ce 16e siècle, les familiers de la cour de France étaient surnommés. Les mots « l’élu de Poix » est un surnom que François 1er attribua à Roberval. Étant seigneur de Poix, La Rocque était donc l’élu de l’ « élection de Poix » et, à ce titre, était chargé de percevoir les impôts. L’appellation apparaît ironique et péjorative pour ce « petit roi de Vimeu » qui devint lieutenant général de la première colonie française d’Amérique.
© Art Resource, NY
