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La place des Canotiers: un lieu ancré dans le temps
La place des Canotiers témoigne de la relation étroite qu’entretient depuis toujours Québec avec le fleuve Saint-Laurent. Avec son design inspiré des quais de bois du 19e siècle, cette magnifique place publique propose des espaces verts, un mur artéfact ainsi qu’un belvédère surplombant le fleuve. On s’en souviendra, se trouvait là un stationnement à ciel ouvert. Mais que savons-nous des origines de ce lieu, de ses usages au fil du temps?

L’origine du nom « place des Canotiers »
La désignation « place des Canotiers » renvoie ici à une réalité spécifique de la culture québécoise, soit la traversée du fleuve en canot, notamment l’hiver, et particulièrement à la hauteur de Québec. Née de la nécessité de créer un lien vital entre les deux rives du Saint-Laurent, cette pratique est documentée depuis le 17e siècle, d’abord chez les Amérindiens puis chez les colons français. Au 19e siècle, elle a donné naissance au métier de passeur, lequel avait pour délicate mission de transporter personnes, marchandises et courrier entre Lévis et la capitale, et ce, en toute saison.
Avec la modernisation des transports au 20e siècle, la nécessité de franchir le grand fleuve en canot s’est graduellement estompée. Parallèlement à ce déclin s’est développée la pratique sportive du canot à glace, toujours vivante et aujourd’hui désignée comme faisant partie du patrimoine immatériel du Québec. La dénomination « place des Canotiers » rend hommage à tous ceux et celles qui ont fait vivre et gardent vivante cette manifestation culturelle spécifiquement québécoise.
Le nom de la place publique a été choisi par la population dans le cadre du concours « Une place à nommer », qui s’est tenu au printemps 2015. Le nom place des Canotiers a été proposé par quatre citoyennes, soit Mmes Patricia Anderson, Diane Grenier, Joanne Robitaille et Lucie Drapeau, et a obtenu le plus grand nombre de votes du public dans le cadre du concours. Au total, 982 propositions ont été soumises par la population et près de 3 500 votes ont été enregistrés lors du processus public de votation en ligne.
De simple batture à plaque tournante de l’activité commerciale
Situé dans le cœur historique de la capitale, à deux pas du lieu de fondation de Québec, ce site figurait jusqu’à tout récemment parmi les plus prestigieux toujours vacants dans ce secteur. Longtemps une simple batture, il se couvre progressivement au 19e siècle de quais puis d’entrepôts. C’est qu’à cette époque, l’intense activité commerciale du secteur, intimement liée à la présence du Saint-Laurent, entraîne l’expansion de la Basse-Ville sur le fleuve. Aujourd’hui, les activités de transbordement du port de Québec sont concentrées sur d’autres sites. Cependant, les quais qui bordent la place publique restent le lieu privilégié d’amarrage des navires de croisière de passage dans la capitale.
Une place publique qui renoue avec ses racines
Le réaménagement de l’ancien stationnement Dalhousie en place publique s’inscrit dans un processus de réappropriation des berges du fleuve Saint-Laurent par les Québécois, dans la lignée des projets de la plage Jacques-Cartier, de la promenade Samuel-De Champlain, de l’anse Brown ou de la baie de Beauport. Dans cet esprit, il rétablit un dialogue entre le Vieux-Québec et le fleuve Saint-Laurent, deux éléments identitaires de la capitale.
Crédit photos: photographes et courtoisies: Port de Québec, 1870 / Livernois (Musée McCord MP-1984.107.40), Market Hall – Marché du Vieux-Québec, 1872 (Archives de la Ville de Québec N009873), Jean-Philippe Labrie, Lysanne Marois-Ouellet.